Chronique de Backup de Guy-Roger Duvert

Titre : Backup
Auteur : Guy-Roger Duvert
Edition : Auto-édité
Nombre de pages : 311 pages
Résumé :
Aiden Romes est un flic. Honnête, droit dans ses bottes, psychorigide, même, diraient certains de ses collègues moins regardants avec la loi. Il est bon dans ce qu'il fait, mais un tel métier effraie de plus en plus sa compagne, enceinte de plusieurs mois et terrifiée à l'idée de perdre son époux. La situation change cependant le jour où il contribue à sauver la fille du dirigeant de la firme Backup, qui le remercie en lui offrant un abonnement gratuit aux services de la compagnie. Il va rejoindre la caste fermée des immortels, et pourra enfin continuer le job qu'il aime sans que sa compagne n'ait plus à en souffrir. Il s'installe dans le siège de connexion, ferme les yeux...... et les rouvre quelques secondes après dans un lieu qu'il ne connait pas. Mais surtout dans un corps qui n'est pas le sien! C'est pour lui le début d'une descente aux enfers, où il devra voir jusqu'où il sera prêt à violer ses propres principes et ainsi se salir les mains afin de protéger les siens et déjouer un complot de portée mondiale. La technologie Backup constitue-t-elle l'accès à l'immortalité pour l'être humain, ou bien la perte de son identité?
Chronique :
Je tenais à remercier l'auteur pour sa confiance et Simplement.pro grâce à qui tout est possible.
Je vous retrouve aujourd'hui avec un roman dystopique, un sous-genre de la science-fiction. Cette oeuvre se déroule donc dans le futur. Dans celui-ci, le sujet principal sera l'immortalité qui deviendra peu à peu un service monopolisé par Backup, une grande entreprise. Dans cet environnement futuriste, nous retrouvons notre personnage principal, Aiden Romes, un policier droit dans ses bottes. Celui-ci promet à sa femme qu'elle ne le perdra pas et son v½u se réalisera lorsqu'il sauvera la fille du PDG de l'entreprise qui lui offrira en retour un abonnement pour devenir immortel. Cependant, une fois le processus achevé, lorsqu'il ré-ouvre les yeux, il n'est plus dans son corps. Ce fut ainsi qu'il découvrit le complot se cachant derrière cette entreprise et cette technologie.
De mon côté, si je devais résumer ce roman, ce serait par cette phrase : "est-ce que la fin justifie les moyens ?", que ce soit à travers l'intrigue, le policier que nous suivons tout le long de l'histoire, tout semble rejoindre cette phrase, donnant à l'oeuvre un aspect philosophique très agréable.
Cet aspect philosophique est bien évidemment un code du genre "dystopie" comme l'effondrement de la société, inspirée par notre propre société, qui va de plus en plus mal, le héros qui va rétablir un semblant de justice, ... Tous ses codes ont été souvent utilisés depuis quelques temps, le genre semblant être devenu "à la mode". Et tout ceci est évidemment logique puisque notre société subit ou provoque de nombreux problèmes tels que le climat, les attaques terroristes, la surpopulation, la surconsommation, l'évolution de la science qui semble sans limite, l'évolution des technologies, les catastrophes naturelles ... Il suffit de voir les ½uvres adaptées au cinéma pour voir la fascination du public pour les oeuvres dystopiques : Hunger Games, Labyrinthe, Divergente, Darkest Minds, ... Ainsi, comme vous pouvez le voir, ce genre s'est relativement bien développé ces dernières années à tel point que faire preuve d'originalité peut devenir rapidement compliqué. Mais de toute évidence, ce n'est pas le cas pour Guy-Roger Duvert qui a su mettre sa touche personnelle, faisant sortir son oeuvre du lot.
Commençons donc avec l'écriture de l'auteur. Ayant lu la petite biographie de l'auteur sur la quatrième de couverture, je peux vous dire que son expérience dans le cinéma se sent dans l'écriture de ce roman, notamment avec la structure des scènes, la succession des plans. Durant ma lecture, je voyais pratiquement la caméra sur le rail suivre les différents personnages. Et cet effet est vraiment étonnant car n'étant pas habituel, cela participe à l'originalité de l'oeuvre. De plus, l'auteur semble apporter une grande importance à l'aspect visuel de son monde futuriste, permettant aux lecteurs de le "voir" durant le récit. Cependant, malgré ma remarque précédente, ses descriptions ne ralentissent pas pour autant le récit. Bien au contraire, car elles sont précisément là où elles doivent être, c'est-à-dire, là où elles servent l'intrigue ainsi que le réalisme du roman. Elles ne sont pas là pour combler un quelconque vide scénaristique. Toutes ses descriptions ont une utilité. Sans oublier que l'équilibre narratif semble parfait grâce à des dialogues dynamiques et bien structurés pour contre-balancer les descriptions fluides. De ce fait, l'écrivain a donc une plume assez simple qui va droit au but mais qui a le mérite de marquer les esprits de part sa maîtrise.
Continuons avec le monde créé par Guy-Roger Duvert. Ce que j'apprécie dans celui-ci, c'est son réalisme dans sa simplicité. L'auteur n'a pas essayé de décrire plusieurs siècles d'histoire pour nous expliquer le pourquoi du comment, sachant très bien que cela ne servirait ni à l'intrigue, ni aux lecteurs. Au contraire, comme son écriture, l'écrivain s'est contenté d'aller droit au but en créant ce qu'il avait réellement besoin : des immeubles, des quartiers, un contexte politique, un contexte social, des entreprises, des organisations criminelles, des forces de l'ordre ... Enfin bref, tout ce qui permettrait de rendre son roman réalisme sans pour autant noyer ses lecteurs. Et je trouve ce travail tout aussi gratifiant que la création d'un univers complet car je ne pense pas que ce soit si évident de s'arrêter de créer et de prendre de la distance vis-à-vis de ses créations en se disant : "non, c'est inutile, je supprime." Ainsi, ce monde est juste ce qu'il faut : complet sans être surchargé.
Et pour finir, passons à l'intrigue et aux personnages. Comme dans de nombreux romans, on passe ici de point de vue en point de vue, alternant entre le personnage principal, ses alliés, ses ennemis, ... Et j'aime tout particulièrement ce point de vue omniscient car je me suis surprise à plusieurs reprises à compatir pour les "méchants". Et grâce à cela, plusieurs personnages qui paraissaient au début juste détestable sont devenus nuancés. Et pour ma part, c'est vraiment quelque chose qui participe à rendre un roman meilleur car un bon méchant, c'est un méchant qui a une raison de l'être. Évidemment, toutes les raisons ne sont pas recevables, mais juste insuffler une parcelle d'humanité suffit à rendre le tout plus crédible, plus nuancé, plus gris. Et surtout, cela permet aux lecteurs de compatir, de s'identifier. C'est d'ailleurs pour cette raison que dans cette oeuvre, comme dans tant d'autres, je préfère les ennemis. Ce sont tout simplement les personnages les plus intéressants en matière d'évolution. Mais dans cet ouvrage, le héros aussi est particulièrement intéressant un terme d'évolution car lui-même se retrouve nuancé. Et finalement, les méchants et les gentils se confondent, notamment car le personnage principal, au cours du récit, change plusieurs fois de statut, passant du gentil au méchant, pour redevenir un gentil et ainsi de suite. De leur côté, les personnages secondaires semblant tous avoir quelque chose à apporter, personne n'a l'air d'être là unique pour "peupler" le paysage et ceci permet de mettre en valeur les protagonistes. Ainsi, notamment grâce aux personnages cohérents et à ce monde parfaitement bien construit, l'intrigue a de nombreux rebondissements inattendus sans pour autant être farfelus, permettant de captiver les lecteurs qui n'attendent qu'une chose : la suite.
En conclusion, ce roman est vraiment une pépite où la maîtrise de l'auteur est bien mise en avant que ce soit dans la structure du roman, dans les points de vue, les personnages, l'intrigue, les introspections et bien évidemment le côté philosophique de l'oeuvre. La thématique, de plus, est vraiment très intéressante et actuelle, surtout en sachant que nous avons des lois bioéthiques en France qui sont censées mettre une limite aux progrès scientifiques pour éviter de dépasser la ligne rouge. Mais est-ce que des lois seront suffisantes pour restreindre l'envie des Hommes à toujours vouloir plus ? Telle est la question.
Note : 10/10