La chronique de Terre des Ombres, tome 1 de Josépha Juillet

Titre : Terre des Ombres
Auteur : Josépha Juillet
Éditeur : Auto-édition
Nombre de pages : 365 pages
Résumé :
Les Bulles. Immenses cités de verre suspendues où tout est réfléchi pour protéger ses habitants. Les protéger des Ombres. La guerre que mènent l'Impératrice et son Commandant est sans relâche. Seules les Chuchoteuses pourraient intervenir, car elles connaissent le langage des Ombres. Mais des Chuchoteuses, il n'y en a plus. En apparence, du moins. Adèle ne sait pas encore qu'elle en est une. Et qu'une mission qui la dépasse l'attend. Un seul contact peut vous prendre la vie. Ou la changer, pour toujours.
Chronique :
Je remercie l'auteure pour m'avoir fait confiance.
Aujourd'hui, je vous retrouve donc avec Terre des Ombres, un livre de fantasy. Dans celui-ci, une fille ordinaire comme vous et moi du nom d'Adèle vit dans un monde où les hommes se battent contre des ombres, allant jusqu'à vivre dans des cités de verre totalement éclairées pour protéger les habitants. La seule chose pouvant aider les hommes dans cette guerre : les Chuchoteuses. Et il se trouve qu'Adèle en est une.
Comme d'habitude, je vais séparer ma critique en plusieurs parties : écriture, intrigue, personnage et monde.
ÉCRITURE
L'écriture de l'auteure est fluide, agréable — présence d'anaphores, d'épanaphores, rythmes ternaires — et adaptée aux sentiments qu'elle souhaite transmettre aux lecteurs. Et cette transmission de sentiments est amplifiée par l'utilisation de la première personne du singulier et donc le point de vue interne — et les changements de point de vue permettent d'entretenir l'intérêt des lecteurs —, sans oublier les nombreuses introspections — présence de questions rhétoriques — où on découvre les sentiments d'Adèle, le personnage principal, ainsi que d'autres personnages. De plus, comme je l'ai mentionné précédemment, son écriture change en fonction du sentiment. En effet, normalement, l'autrice fait des phrases longues avec une certaine ponctuation et des connecteurs logiques. Mais, par exemple, en cas de tension, la construction grammaticale des phrases est simple et sans connecteur logique. Dans tous les cas, l'équilibre narratif est très bien maîtrisé, alternant les descriptions dynamiques qui prennent en compte tous les sens tout en restant très visuelles et les dialogues naturels et fluides. Mais ne parlons pas des cliffhangers – rebondissements – à chaque fin de chapitre... Mes pauvres nerfs.
INTRIGUE
L'intrigue est bien construite et a un très bon rythme. En effet, le livre commence avec un incipit — un prologue — assez mystérieux qui ne peut qu'intéresser le lecteur. Et dans les chapitres suivants, on découvre plusieurs points de vue dans des espaces temps différents — passé/futur — mais qui tournent autour du prologue et du mystère qui l'entoure. Par la suite, l'histoire va se poursuivre et les péripéties/rebondissements vont s'enchaîner à un bon rythme — assez rapidement pour maintenir l'intérêt des lecteurs, mais pas assez rapidement pour que ça aille trop vite —. Concernant les « ennemis », ils sont introduits dans l'histoire facilement, pendant l'action, n'occasionnant aucune description lourde. Et j'ai vraiment apprécié les critiques sous-entendues dans le récit : celle contre le cliché des secrétaires potiches, la société patriarcale, la légitimité due à la naissance et l'absence d'élection, l'absence de libertés... De plus, j'ai repéré également quelques clins d'½il à notre propre situation : un État d'urgence qui dure trop longtemps et qui devient « normal », des entraînements trop nombreux avec les alertes — comme pour nous, dans les lycées, les collèges... —, les cités qui se nomment « Bulles » qui rappellent un peu le confinement qu'on a vécu avec le COVID, les bulletins d'information avec le nombre de morts qui rappellent celui qu'on entendait tous les soirs pendant la pandémie...
PERSONNAGE
Les personnages sont vraiment au service de l'intrigue et pas l'inverse. En effet, on découvre par exemple l'univers de l'auteure à travers les yeux d'Adèle qui, elle-même, était assez ignorante. C'est un procédé très intelligent qui permet de rendre de nombreuses descriptions dynamiques. De plus, ces descriptions sont soumises à la subjectivité du personnage. Cela permet aux lecteurs de se rapprocher de celle-ci. De plus, les personnages secondaires — Yuni, Morgan, Léo, Ben — mettent en avant les faiblesses et les forces du personnage principal, permettant de mettre en avant son réalisme et son humanité. En effet, tous les personnages qui entouraient Adèle ont permis à celle-ci d'évoluer, et ce, à un rythme réaliste. En plus de cela, la relation entre Léo et Adèle est assez naturelle, bien amenée, attendrissante, la relation entre Ben et Adèle est très contradictoire je trouve. Cela fait très : je fais un pas en avant et deux pas en arrière. Quant à la relation entre Morgan et Adèle, je la trouve très tendre, protectrice, même si j'aurais aimé qu'elle soit plus présente dans le récit. Et pour finir, la relation entre Yuni et Adèle est vraiment très logique tout en restant inexplicable. La notion de Destinée me parait appropriée pour cette relation : ces deux personnages étaient faits pour se rencontrer. En bref, toutes les relations sont vraiment utiles à l'intrigue et au personnage d'Adèle.
MONDE
Le monde de l'auteure ressemble assez au nôtre, tout en restant assez exotique. En effet, la hiérarchie sociale par exemple ressemble assez à nos anciennes monarchies même si la société n'est pas patriarcale, mais matriarcale. Sans oublier l'étiquette, l'histoire qui semble aussi complexe que la nôtre. Et toutes ces informations filtrent peu à peu dans le récit, nous permettant de découvrir cet univers sans être soumis à de longues et lourdes descriptions. Ainsi, la découverte de ce monde est vraiment bien rythmée et très agréable pour le lecteur. On ne peut que sentir le travail de l'autrice.
En conclusion... c'est un coup de c½ur pour Adèle et ses aventures. Ayant le tome 2, je suis pressée de le découvrir.
Note : 9/10