La chronique d'Immortel Ad Vitam de Cécile Pommereau

Titre : Immortel Ad Vitam
Auteur : Cécile Pommereau
Éditeur : Éditions Noir d'Absinthe
Nombre de pages : 241 pages
Résumé :
Fred a un physique banal et les poches trouées. Il n'arrive pas à garder une fille plus de trois semaines et sort de prison. Pour couronner le tout, c'est le jour où il essaie de se foutre en l'air qu'il apprend qu'il est immortel. Fred n'a pas de chance.
Jean, lui, est flic. Il pensait avoir tout vu après trente ans passés a la Crim ». Mais voilà qu'un beau jour, un de ses cadavres se paye le luxe de se tirer de la scène de crime. Pour lui c'en est trop et il est bien décidé à le retrouver. Il ne manquerait plus qu'il parte en retraite avec une affaire non élucidée...
Chronique :
Je remercie l'édition Noir d'Absinthe pour m'avoir fait confiance.
Aujourd'hui, je vous retrouve donc avec Immortel Ad Vitam, un one-shot ayant gagné le prix des Auteurs Inconnus, la catégorie imaginaire – fantastique –, en 2018. Dans celui-ci, on découvre deux personnages : Frédéric qui sort de prison et qui réalise après une tentative de suicide qu'il est immortel et Jean, un policier de la Crim' qui va découvrir qu'un cadavre a quitté sa scène de crime.
Comme d'habitude, je vais séparer ma critique en plusieurs parties : écriture, intrigue et personnage.
ÉCRITURE
L'écriture de Cécile Pommereau est très particulière, provoquante, humoristique et sarcastique pour ne pas dire cynique, sans oublier qu'elle est fluide et ne donne pas l'impression de lire. En effet, son écriture fait penser à notre manière de nous exprimer à l'oral, et non à l'écrit. Et c'est vraiment très original. De plus, l'équilibre narratif — le rapport entre le récit et les dialogues — est vraiment parfait, comme le rythme. Ainsi, les descriptions en plus d'être dynamiques et utiles sont également très visuelles, un peu comme un film, tandis que les dialogues sont naturels. En plus de cela, l'auteure ne se fatigue pas à respecter la langue, elle écrit les dialogues de façon très spontanée, sans se soucier du niveau de langage. Et cela rajoute vraiment quelque chose au roman. Le point de vue interne utilisé par l'auteure permet aux lecteurs de s'identifier aux personnages et de ressentir ce qu'ils ressentent. Sans oublier que cet effet est amplifié par l'écriture particulière de l'écrivaine qui est adaptée à chaque personnage. En effet, l'autrice a réussi à « écrire » de manière réaliste les voix et les caractères de ses personnages. Grâce à tous ces éléments, le livre se lit très facilement et sans prise de tête.
INTRIGUE
Je ne m'attendais pas du tout à ça en ouvrant le livre... En fait, l'intrigue est à l'image de l'écriture et des personnages : particulière, cynique, désabusée. Mais elle est également drôle même si le côté humoristique n'enlève rien au sérieux des différentes situations. En effet, dans cette intrigue, de nombreux thèmes assez lourds sont présentés et abordés avec légèreté : la mortalité — la vie a un intérêt, une certaine saveur, que parce qu'on sait qu'il y a une fin —, l'immortalité, le suicide, la vie qui s'effondre à cause d'un seul et unique événement, les « jeux » de pouvoir entre les différents services de police... Et même si c'est un livre du genre fantastique, le côté imaginaire est très peu présent comparé aux genres policier/thriller. Cela favorise le réalisme du roman. Quant à l'alternance des points de vue entre Jean et Frederic permettent de maintenir l'intérêt du lecteur. Et pour finir, j'ai très peu aimé la fin. Je n'ai jamais particulièrement aimé les fins ouvertes, j'aime les fins claires et nettes.
PERSONNAGE
Dans une alternance de deux points de vue internes, on découvre les deux personnages principaux : Frederic et Jean. Frederic sort tout juste de prison et semble particulièrement cynique. De plus, il fait preuve d'une autodérision certaine. Ainsi, Fred est un jeune pessimiste, un jeune blasé qui s'oppose à Jean, un policier à la retraite qui a toujours le goût de vivre que ce soit pour retaper sa maison ou juste pour pêcher. Jean est la caricature même du vieil homme grognon qui regrette l'ancien temps — opposition générationnelle —. Mais ce qui les rend réellement intéressants, c'est leur banalité. Aucun des deux n'est beau, aucun des deux n'a un caractère facile. On remarque également que l'autrice favorise le caractère au physique, ce qui est suffisamment rare pour être mentionné. De base, ils sont attachants séparément, mais ensemble, ils le sont encore plus. Concernant les personnages secondaires, il y en a très peu, mais les peu présents sont crédibles et sympathiques.
En conclusion... c'est vraiment un coup de c½ur, mais un coup de c½ur très inhabituel.
Note : 9/10