La chronique d'Ombres et de Cendres de Jérôme Camedescasse

Titre : D'Ombres et de Cendres
Auteur : Jérôme Camedescasse
Éditeur : Crin de Chimère
Nombre de pages : 291 pages
Résumé :
Au sein d'une opulente cité-État Alfare, Eydìs est une esclave humaine au service d'une maison prestigieuse. Domestique méprisée, elle accomplit en secret des missions en tant qu'Ombre. Espionne, combattante, courtisane, assassin... elle lutte dans la nuit éternelle de la ville pour la gloire de ses maîtres.
Rongée par la solitude, consumée par son devoir, elle poursuit son rêve ténu de liberté, dague en main, drapée dans les ténèbres. Innocence, espoir, dignité, que sera-t-elle vraiment prête à sacrifier pour suivre les ordres sans se laisser gangrener par la souillure de son espèce déchue ? Est-elle condamnée à la faiblesse et la chute comme le prédisent les dieux ? Parviendra-t-elle, grâce à sa volonté, son fer et sa sagacité à défendre ce, et ceux, qu'elle aime ?
D'ombres et de cendres semble être son destin, parsemé d'intrigues et d'épreuves.
Chronique :
Je remercie l'édition Crin de Chimère pour m'avoir fait confiance.
Aujourd'hui, je vous retrouve donc avec D'Ombres et De Cendres, un livre de Dark Fantasy dans lequel Eydis, une esclave humaine au service d'une prestigieuse maison d'Alfares, est désespérée et rongée par sa solitude. Durant tout le long du roman, on la voit subir toutes les formes de cruauté et d'injustice possibles. Pourra-t-elle continuer à suivre les ordres, prenant ainsi le risque d'être « salie » à jamais, ou pourra-t-elle s'échapper de cette servitude ?
Comme d'habitude, je vais séparer ma critique en plusieurs parties : écriture, intrigue, personnage et monde.
ÉCRITURE
L'écriture de l'auteur est très riche, tout comme son vocabulaire qui est soutenu. De plus, j'aime beaucoup ses métaphores poétiques qui accompagnent parfaitement sa jolie prose. Quant à l'équilibre narratif, celui-ci penche plus vers le récit que les dialogues, ce qui ralentit un peu l'histoire. Cependant, les descriptions sont tout de même fluides, dynamiques et donc poétiques sans oublier qu'elles prennent en compte tous nos sens — majoritairement la vue —. En plus de cela, je trouve que le rythme un peu lent va parfaitement avec l'histoire. En effet, cela met en avant la résignation et le désespoir d'Eydis, le personnage principal. Et bien évidemment, dans cette histoire, on retrouve majoritairement le registre pathétique.
INTRIGUE
L'intrigue de ce roman est assez complexe. En effet, dans ce roman, il y a de nombreux jeux de pouvoir et donc des complots, de la corruption, des manipulations... Lorsque le livre commence, l'ambiance est plutôt mystérieuse, mais, petit à petit, celle-ci devient de plus en plus sombre. Et comme le dit le proverbe : « C'est toujours l'heure la plus sombre qui précède l'aube ». De ce fait, à la fin du roman, l'ambiance devient peu à peu plus... supportable. En second plan, il y a également un peu de romance, mais c'est assez subtil. Ainsi, dans l'histoire, on retrouve plusieurs critiques de l'espèce humaine. En effet, l'auteur glisse des critiques subtiles de leur arrogance, de leur mémoire courte et de leur capacité à reproduire les mêmes erreurs que dans le passé, de leurs préjugés... Mais finalement, peu importe les espèces, on est tous préoccupés par nos propres intérêts. En plus de cela, nous retrouvons également la présence d'esclaves et donc de maîtres, ce qui est très intéressant, car on sait que toutes les guerres ayant eu lieu sont dues à une recherche de liberté et d'égalité.
PERSONNAGE
Dans ce roman, on découvre de nombreux personnages, dont un personnage principal et beaucoup de personnages secondaires — et des personnages secondaires récurrents —. Ainsi, le personnage principal, Eydis, est une esclave au service d'une prestigieuse maison d'Alfares. Résignée et désespérée, son point de vue et donc sa subjectivité imprègne le roman d'une ambiance particulière. Quant aux personnages secondaires, ceux-ci sont très divers et embellissent parfaitement le personnage principal et l'intrigue. Cependant, on retrouve dans toutes les relations — amitié, amour, haine — la présence d'un instinct de survie très poussé. C'est ce qui fait que les relations se construisent assez lentement, mais qu'elles se brisent assez facilement. En plus de cela, certaines relations sont interdites.
UNIVERS
L'univers de l'auteur est très complet et repose sur la mythologie nordique. En réalité, il est tellement complexe qu'il est parfois difficile à comprendre, surtout si vous n'avez pas un minimum de connaissance en mythologie nordique — je tiens tout de même à signaler que l'auteur a pris le temps de donner quelques définitions pour nous aider à comprendre —. Dans celui-ci, les Hommes ne sont absolument pas en haut de la « chaîne alimentaire ». En effet, la plupart d'entre eux sont maintenant des esclaves soumis aux Alfares, même s'il reste quelques villages humains. Regroupés en Cités-État, on découvre une société matriarcale et dictatoriale. En plus de cela, on découvre également dans ce monde le poids de la politique et surtout de la géopolitique — différences culturelles —, ce qui permet aux mondes d'acquérir un minimum de profondeur.
En conclusion... ce livre est un roman très sombre, mettant en avant la vie d'une esclave qui souhaite briser ses chaînes. Et j'ai vraiment adoré l'originalité de ce récit.
Note : 9/10