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Si je vous dis, Le Cabinet de Curiosités, cela ne vous dit rien ? Et si je vous dis Hilda Alonso, cela ne vous dit toujours rien ? Vous êtes sûrs ? Alors, vous avez de la chance, vous allez pouvoir la découvrir à travers cette interview, la première de mon blog littéraire, ses convictions, son avis, ses livres et ses projets, comment elle travaille... Quelle chance vous avez là ! Je vous laisse donc avec les mots d'Hilda Alonso, en espérant que cela vous plaise.


 
Que pensez-vous du métier d'écrivain ?
C'est mon métier et ma vocation depuis l'enfance, en fait. Ce n'est pas en soi un métier difficile mais c'est un métier difficile à faire reconnaître par le reste de la société. Même en France, pays d'Hugo, le statut d'écrivain n'existe pas, vous ne pouvez pas le faire reconnaître en tant que votre profession et généralement, quand vous dîtes que vous écrivez, on vous répond "mais sinon, en vrai, tu fais quoi ?"... Comme tous les métiers de passion, il implique qu'il n'y a pas de demi-mesure. Je ne saurais pas vivre sans en tout cas.
 
Donc vous n'avez jamais eu un autre métier à côté de l'écriture de vos romans ?
Oh si ! Déjà parce que pour oser dire qu'on écrit et ensuite qu'on est écrivain, il faut justement casser toutes les barrières qu'on vous met dans la tête. J'ai fait des études de lettres, de journalisme, j'ai été journaliste pendant sept ans dans toutes les formes de média, puis correctrice (ce que je suis toujours) et en parallèle je donne aussi des cours à domicile


Quand a commencé votre passion pour l'écriture ou/et la lecture ?
Celle pour la lecture a commencé bien avant que je ne sache lire : ma mère me lisait des histoires tous les soirs et elle transformait ça en véritables petites pièces de théâtre... Le jour où j'ai su lire, ça a été un soulagement pour elle ! Je crois que ma première nouvelle a été écrite quand j'avais 8 ans. C'était nul. Mas j'étais très fière parce que je l'avais menée à bout ! Et puis ça ne m'a plus lâchée. J'adorais les rédactions bien sûr et puis à 15 ans une prof m'a fait découvrir l'écriture automatique des surréalistes (mais sans les substances) et alors là... Personne n'a plus pu m'arrêter. J'ai fait le premier roman à 15 ans mais il n'y avait rien d'exploitable.
 
Quand avez-vous commencé à écrire sérieusement – dans le but d'un projet - ?
En 2013, j'ai opéré un changement radical dans ma vie. L'été précédent, j'avais accompagné ma grand-mère au moment de sa mort et le deuil a été très difficile. En parallèle, je ne pouvais plus supporter le milieu du journalisme. Un jour, j'ai tout plaqué. J'ai quitté le même jour un travail, une ville, un homme, je suis rentrée chez mes parents et je n'ai plus voulu entendre parler d'autre chose que d'écriture. Je m'étais donné un an pour voir si je réussissais et en effet. Au bout de huit mois d'écriture à plein temps, Ce dont rêvent les Ombres était né et quelques mois plus tard, j'ai signé un contrat avec les Editions du Chat Noir.
 
Quel genre d'auteur êtes-vous : Architecte (ceux qui prévoient tout) ou Jardinier (ceux qui écrivent à l'instinct) ?
Grand Architecte ! Je ne pars pas sans avoir toute la trame, je m'enterre aussi dans les recherches. J'ai des frises chronologiques qui envahissent les murs, des fiches... Et pire : je n'avance pas tant que ma phrase ne me semble pas parfaite. L'écriture prend un temps fou mais du coup les corrections sont très simples ! Très longtemps j'ai été jardinière, je pensais que l'écriture n'était qu'une question de tripes et d'émotions, c'est la classe préparatoire qui m'a appris le travail et la rigueur. Et ça rend encore plus prolifique, c'est presque une malédiction !
 
Avez-vous un endroit particulier pour écrire ?
Chez moi. À mon bureau. Je suis quelqu'un de casanier et de routinier. L'écriture, pour moi, c'est sacré. J'ai besoin d'avoir une sorte de rituel. L'inspiration est permanente, j'ai toujours des notes à écrire, où que je sois, mais pour mettre en forme, c'est quasi-inconditionnellement la nuit, à mon bureau, avec des musques lentes, d'ambiance, sombres et répétitives.
 
Vous écrivez sur ordinateur ou sur papier ?
Uniquement sur ordinateur, aujourd'hui. Mais en conservant toutes mes étapes d'écriture pour ne rien perdre.
 
Est-ce que vous avez déjà essayer d'écrire un roman avec un autre auteur ?
Pas un roman, mais mon dernier ouvrage est en effet écrit à quatre mains, avec Attila Valpinson. Il s'agit de Disertations, c'est un dictionnaire amoureux où chacun a écrit sur une cinquantaine de mots qu'il aime ou qu'il déteste. Collaborer, c'est une vraie magie et ça ne pardonne pas : on est obligé de choisir quelqu'un avec qui on se sent bien, en confiance. Le plus compliqué est de trouver quelqu'un qui travaille comme vous, en revanche. Avec Attila, j'avais toutes ces conditions et une cerise : c'est un honneur de signer avec une plume aussi riche, enlevée, audacieuse, avec quelqu'un qui a autant de vocabulaire. Et ça rend humble !!! C'était le première fois que je collaborais avec un écrivain mais j'ai aussi collaboré avec une illustratrice (et laquelle !) : Alexandra V Bach, pour le Cabinet de Curiosités. C'est une aventure géniale et terrible : la préparation a duré deux ans, c'était aussi passionnant qu'éreintant. La sortie est arrivée au bon moment : il était temps de rencontrer le public et là, le livre prend une nouvelle dimension. C'est vraiment une très bonne part du métier !
 
Quand avez-vous publié votre premier roman ?
Beaucoup de temps s'écoule entre l'écriture et la publication. Ce dont rêvent les Ombres a paru en juin 2016, suivi du Cabinet de Curiosités en septembre 2016. Ensuite, j'ai voulu tenter l'autopublication via Amazon. On ne peut pas tout proposer aux maisons d'édition, elles sont contraintes par le marché. Or, j'adore les nouvelles et mes recueils étaient toujours refusés parce qu'apparemment c'est un format qui ne se vend pas assez bien. J'ai donc relevé mes manches et je me suis lancée pour porter mes projets de A à Z, toute seule, comme une grande. C'est comme ça que j'ai commencé à travailler sérieusement l'image. Du coup, j'ai fait paraître à la demande Perspectives du vide en janvier, Ænigma en avril, Disertations en mai et mon premier roman graphique en solo, L'Émeraude, vient de sortir.
 
Combien de temps mettez-vous à écrire un roman – en moyenne - ?
Il n'y a pas trop de règles. Ce dont rêvent les Ombres m'a pris huit mois, Le Cabinet de Curiosités deux mois. Mais je travaille aussi depuis plusieurs années sur un roman à la fois historique et fantastique et je n'ai même pas rédigé le tiers du début... Il me demande énormément de recherches et c'est vrai que ce rythme est très particulier, je suis très heureuse de m'y plonger mais cela me fait aussi le plus grand bien de me consacrer à d'autres projets. Ceci me permet de prendre du recul, d'y voir plus clair.
 
Quel roman vous a pris le plus de temps ?
Pour l'instant, je n'en ai pas écrit beaucoup... J'ai surtout fait des recueils. C'est difficile à évaluer, on ne compte plus heures. Perspectives du vide rassemble des écrits étalés sur dix ans, que j'ai ensuite repris et retravaillés. En ce qui concerne le travail éditorial, j'ai une idée très précise avant de me lancer, je n'ai plus "qu'à exécuter"... Après, on apprend en faisant... Je pense que celui qui m'a demandé le plus de temps tous domaines confondus est L'Émeraude car j'ai aussi créé les illustrations. Or, je suis débutante !
 
Lequel de vos romans vous a rendu le plus fier ?
Disons que, comme je ne me fais aucun cadeau, que je ne me laisse pas le choix, je fais en sorte de toujours écrire des choses que je suis fière de signer. C'est vraiment une question très difficile. Je suis désolée, mais je crois que je n'ai pas de réponse. Je suis fière de tous pour des raisons différentes en fait. Ce dont rêvent les Ombres parce qu'avant lui j'étais persuadée que j'étais incapable d'écrire un roman. Dernièrement, Ænigma aussi, parce que j'ai accepté de participer à un collectif de création et que j'ai été prise par le temps. J'ai réussi à créer et réaliser le recueil en dix jours : record !
 
Où trouvez-vous les idées pour vos futurs romans ?
J'ai toujours des petites choses qui tournent dans ma tête : des pensées, des images, des observations... tout est dans un coin et attend son heure. La vie quotidienne regorge de petites situations qui peuvent servir de base. Les rêves peuvent inspirer. Et je suis toujours à l'affût de découvertes. J'aime lire, écouter de la musique, trouver des illustrateurs qui m'étonnent et me font vibrer. Il suffit de regarder autour de soi, d'être une éponge, de se gonfler d'impressions, d'émotions. Ensuite, il y a l'architecture, la technique à soigner. et puis très souvent c'est en faisant une histoire qu'on se rend compte que certains développements mériteraient une histoire à part entière.
 
Comment faites-vous vos recherches ?
Comme je sais de quoi je veux parler, mes sujets sont vite cadrés, délimités, bien qu'ils puissent être larges. Je fais peu confiance aux sources de l'internet. Je suis donc une férue des recherches dans des livres. Il y a bien sûr les ressources des bibliothèques mais je suis aussi une chineuse. Très souvent, c'est aussi parce que je tombe sur un vieux livre que j'ai envie de creuser un sujet. Du coup, j'ai trop de livres, même si on ne peut jamais vraiment en avoir trop. Par contre, j'ai trop d'idées : a priori, mon existence ne suffira pas !
 
Avez-vous l'habitude de faire des fiches ? - Personnages, par exemple -
D'habitude, non. Pour certains projets où il y a beaucoup de personnages, je peux le faire.
 
Avez-vous eu des difficultés particulières que ce soit dans l'écriture ou l'édition de vos romans ?
Particulières, je ne pense pas, pas plus que d'autres auteurs, pas moins non plus. J'ai pris des vestes, j'ai persévéré, je me suis remise en question. C'est très dur pour l'ego d'être écrivain, ça forge aussi. J'ai attendu, j'ai eu peur, il y a des silences qui vous plongent dans le doute, il y a le tas de réponses négatives qui blessent, même si elles sont généralement élégamment formulées. Mais c'est bien. Je crois qu'il faut tout ça.
 
Qu'est-ce que vous aimez le plus dans l'écriture ?
Le fait qu'elle rend libre, totalement libre. Écrire, c'est repousser toutes les limites et tout se permettre. C'est aussi défendre ses idées, ses valeurs. Il y a aussi un écho très fort avec le théâtre, que j'aime beaucoup. Grâce à l'écriture, on peut devenir tous les personnages, se glisser dans toutes les peaux. On peut vivre à toutes les époques, voyager même au-delà du monde.
 
Combien avez-vous écrit de roman jusqu'à maintenant ?
Pour l'instant, 1 roman (1 en préparation), 2 romans graphiques publiés (un en préparation), 3 recueils de nouvelles (deux en préparation) et j'en ai encore en réserve ! Le prochain défi est d'écrire pour les enfants mais je ne peux pas évoquer précisément de calendrier. Ce sont en tout cas de nouvelles collaborations.
 
Avez-vous déjà songé à écrire sous un pseudonyme ?
Non. Comme disait Marcel Pagnol, je porte mon prénom et le nom de mon père. Voici quelque chose dont je suis fière. J'ai un pseudonyme en tant qu'illustratrice, pour bien séparer les domaines mais je ne fais pas mystère de mon identité.
 
Vous avez publié vos romans chez quelle éditeur ? Pourquoi ce choix ?
Vous savez, ce sont plutôt les éditeurs qui vous choisissent.
 
Est-ce que un de vos romans a déjà été traduit dans une autre langue ? Si oui, dans quelle langue ?
Non, ça ne m'est pas encore arrivé, pas plus que les adaptations en animation ou en film.
 
Avez-vous des projets d'écriture ? Peut-être pour bientôt ?
les prochaines sorties sont prévues pour la rentrée, deux recueils : Exsangues en septembre et Suite spectrale en octobre (vous pouvez d'ailleurs consulter leurs pages facebook).
 
Quels sont vos genres de prédilection ?
Le fantastique, tous les fantastiques. J'aime infiniment le romantisme noir.
 
Avez-vous des conseilles à donner pour les futurs écrivains ?
Ne jamais rien lâcher, ne laisser personne vous décourager mais surtout ne jamais se reposer sur ses lauriers : travailler d'arrache-pied.


 
Alors, dîtes-moi, êtes-vous d'accord ? Ou bien vous avez des avis différents sur telle ou telle question ? N'hésitez pas à me le dire en commentaire, cela fera un bon sujet de discutions. J'attends vos réactions avec impatience. Je remercie énormément Hilda Alonso pour cette interview et je vous retrouve pour de nouvelles aventures ! 

Entre victime et bourreau, la frontière est parfois mince...
 
Une enquête haletante sur les exactions du régime allemand, entre passé et présent.
 
54 ans après avoir fui l'Allemagne, Käthe, d'origine juive, retourne à Berlin et tente de récupérer un immeuble familial confisqué par les nazis. Quelques jours après son arrivée, elle est retrouvée morte au pied d'un mémorial de la déportation. Sa nièce, Maja, qui ne croit pas à la thèse du suicide retenue par la police, soupçonne un vaste complot immobilier. Elle décide de mener une enquête au cours de laquelle elle va rencontrer des personnes au passé trouble ou douloureux. Mené comme un thriller, cette intrigue policière haletante permet de découvrir un vaste pan de l'histoire du XXe siècle : l'attitude des juifs sous le nazisme, la spoliation des biens juifs, Israël et le conflit avec la Palestine, les exactions du régime communiste en RDA et la difficile réunification de l'Allemagne.

Avis personnel : 

Je remercie l'édition Piranha pour m'avoir accordée leur confiance et je remercie également l'auteur pour avoir partagé cette oeuvre. Nous découvrons dans ce roman, Maja, le personnage principal qui retourne à Berlin pour les funérailles de Käthe. Cependant,  la nièce de Kâthe (Maja), mène sa propre enquête sur la mort de Kâthe, elle ne croit pas au suicide. Ses recherches sont longues et fastidieuses.

L'auteur a très bien réussi à exploiter le contexte historique, politique et géographique du Berlin post-réunification, enfin réunifié... C'est vite dit, disons que c'est "théoriquement" car derrière, les problèmes ne sont pas réglés et les tensions sont toujours là. 

Je dois avouer que j'ai eu beaucoup de mal à lire ce roman et à le comprendre à cause des nombreuses références historiques, des explications parfois assez compliquées venant des personnages, et la ville de Berlin qui est inconnu pour moi, je me perds souvent dans cette ville. Je suis limite allée sur google map tellement que l'auteur nous promène dans cette ville. J'ai plusieurs fois été obligée de relire divers passage pour comprendre la suite.

Ce roman aborde plusieurs sujets : la spoliation des biens juifs, dans cette oeuvre, l'immeuble familiale, l'enrichissement de certains Allemands qui répugnent et refusent à rendre des années plus tard ce qu'ils ont pris, la difficile réunification de Berlin, la haine entre les deux Allemagne était toujours là, c'était devenu une habitude douloureuse. L'oeuvre de Christoph Ernst possède donc une ambiance assez... Inquiétante. Les non-dits sont très présents. Les personnages, comme le livre, sont très complexes et durs à suivre par moment, mais j'ai eu le plaisir de les voir évoluer au fil des pages. 

J'ai vraiment adoré ce roman. L'auteur a tellement bien décrit et animé Berlin, que j'avais l'impression d'accompagner le personnage principal dans ses nombreuses péripéties, de plonger la tête la première dans l'histoire. Il m'a fait ressentir des tas d'émotion, la colère, la tristesse... Je ne savais plus trop où donner de la tête. 

Je ne conseille pas cette oeuvre à tout le monde, par exemple, ceux qui commencent la lecture, je ne pense pas que ce soit une bonne idée, l'écriture est assez complexe, à l'image du roman. Et j'ai eu un petit coup de cœur pour cette phrase :

"C'est un symbole, ma petite. Des morts renaîtront un jour. Comme l'herbe dans la prairie."